Noire • Tania de Montaigne

11354817_491065784383780_1159572484_n

Claudette Colvin m’était inconnue et j’ai donc été curieuse de découvrir cette femme et sa lutte. Je remercie les éditions Grasset pour m’avoir permis de lire ce roman.

Résumé …

« Prenez une inspiration, soufflez, et suivez ma voix, rien que ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l’Alabama dans les années cinquante. Passez les ruisseaux, les fleuves, l’océan, survolez New York, puis cap au Sud, bifurquez, vous voici en Alabama, capitale : Montgomery. Regardez vous, votre corps change, vous êtes dans la peau et l’âme de Claudette Colvin, jeune fille de quinze ans sans histoire… Depuis toujours, vous savez qu’être noir ne donne aucun droit mais beaucoup de devoirs. Quand vous faites les courses vous devez rester à l’extérieur, tendre votre liste et attendre que l’on vous serve. Pour des chaussures, il vous faut dessiner l’empreinte de votre pied sur un bout de papier, le tendre à la vendeuse, lui désigner depuis l’extérieur le modèle et l’acheter sans l’avoir essayé… » Seulement, le 2 mars 1955, Claudette Colvin refuse de se lever. Malgré les menaces du chauffeur, armé, des autres passagers blancs et de certains passagers noirs, elle reste assise. Après avoir été jetée en prison, elle décide d’attaquer la ville et de plaider non coupable. C’est le début d’un itinéraire qui mènera Claudette Colvin de la lutte à l’oubli. C’est le début d’un combat décisif, mais sans cesse (toujours) recommencé… « Noire », c’est une histoire où se croisent Martin Luther King Jr, jeune pasteur de vingt-six ans tout juste nommé à Montgomery, et Rosa Parks, couturière de quarante ans, pas encore Mère du mouvement des droits civiques : et le lecteur, touché, tourmenté, découvre cette héroïne de quinze ans, toujours vivante, et presque méconnue.

Mon avis …

Qui ne connait pas Rosa Parks ? Et pourtant, qui connaît Claudette Colvin ? C’est là tout le paradoxe que soulève et démontre Tania de Montaigne dans son ouvrage, véritable hommage à cette femme toujours en vie aujourd’hui.

L’auteur donne une voix à toutes ces personnes, noires, qui ont osé défier les blancs, qui ont osé revendiquer leurs droits, qui ont eu un courage sans nom pour espérer un jour changer les choses. Ce n’est pas seulement Colette Colvin qui est mise en lumière dans ce livre, mais bien d’autres héroïnes d’un jour, méconnues mais pourtant admirables de courage.

En plaçant le lecteur dans la peau d’un noir dans les années 50, Tania de Montaigne souhaite nous faire ressentir l’injustice, les difficultés de chaque moment du quotidien. Car on a beau avoir entendu parler de la ségrégation raciale, de ces séparations permanentes entre noirs et blancs, avons-nous réellement pris conscience de l’impact que cela avait sur le quotidien ? Sur les petites choses de chaque jour pour lesquelles des obstacles viennent tout compliquer ? Ce livre m’a fait réaliser tout ceci, et pour ça, je remercie l’auteur.

« Aujourd’hui, vous avez soixante-quinze ans, et le président des États-Unis est un homme noir dont la mère est blanche. Aujourd’hui, vous avez soixante-quinze ans et, à Montgomery, il y a enfin une rue qui porte votre nom. Aujourd’hui, vous avez soixante-quinze ans et, lorsque je vous regarde, je me dis qu’il fallait être quelqu’un pour être celle qui n’était pas Rosa Parks. »

Ce livre ne prétend pas affirmer que Claudette Colvin, Rosa Parks et les autres ont changé les choses radicalement, que le racisme n’existe plus, bien au contraire. C’est aussi ce réalisme et cette objectivité dans les propos de l’auteur qui donnent un impact encore plus fort à l’ouvrage.

« Il faudrait être fou pour penser que depuis les années 1950 tout a changé, que le racisme n’existe plus, que chacun avance sans préjugés ; mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que pour cent reculs il y a mille avancées. »

J’ai ressenti parfois une forme de colère de l’auteur face à cet anonymat injustifié, alors que Claudette Colvin semble aujourd’hui encore vouloir le préserver, rester discrète. Je suis cependant très heureuse de connaître désormais cette femme et je pense, finalement, que les véritables héros sont ces personnes qui, à leur échelle et sans chercher de gloire, par leur courage essaient de faire évoluer les mentalités et de changer les choses.

Pour résumer …

On découvre Claudette Colvin, cette héroïne méconnue, mais l’auteur met également des noms sur ces noirs qui, à l’image de Rosa Parks, ont osé refuser de s’effacer devant des blancs. Un ouvrage qui enseigne beaucoup sur ce combat et sur la ségrégation et son impact sur le quotidien des noirs dans les années 50.

Ma note : ★★★★★☆
(17/20)

7 réflexions sur “Noire • Tania de Montaigne

  1. Je viens souvent sur ton site pour me donner des idées lecture et encore une fois je me suis offert ce livre aujourd’hui après avoir vu la bonne note que tu lui attribuais .
    Merci c’est un plaisir de lire tes articles .

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.