Tout plutôt qu’être moi • Ned Vizzini

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La Belle Colère est une collection qui me tient à coeur, tout simplement car les deux livres que j’ai lus parmi leurs parutions ont été des coups de coeur (Dieu me déteste et Vous parler de ça). Je ne pouvais donc pas passer à côté de la sortie de ce nouveau roman, et je remercie la Belle Colère pour cette lecture.

Résumé …

Durant l’une des séances chez son psy, Craig Gilner apprend qu’il existe une maladie mentale appelée le syndrome d’Ondine : ceux qui en souffrent oublient de respirer ; pour ne pas mourir asphyxiés, ils doivent se répéter sans cesse « respire, respire, respire ». La dépression, Graig va en faire l’expérience, c’est ce qui arrive quand on oublie de vivre.

Mon avis …

La Belle Colère reste, avec ce roman, fidèle à ses précédentes publications puisqu’il s’agit une nouvelle fois d’un roman young adult qui est destiné à la fois à un public jeune et plus âgé. C’est vraiment ce qui me plaît dans leurs romans, ils sont toujours accessibles et pourtant très intéressants, recherchés et différents de ce qui est aujourd’hui publié en jeunesse.

Ce livre a été publié en 2006 en version originale et l’on sait aujourd’hui que 7 ans plus tard, l’auteur s’est suicidé en se jetant du toit d’un immeuble. Il souffrait depuis longtemps de dépression et sa propre expérience l’a inspiré pour l’écriture de ce roman qui aborde la dépression chez les adolescents. Je ne pense pas qu’il soit aujourd’hui possible de lire le roman de la même façon qu’il y a 2 ans, car il est impossible d’ignorer l’histoire de l’auteur et de ne pas voir, dans ses mots et à travers son personnage principal, Craig, le reflet de sa propre souffrance. Cela a rendu le roman plus fort encore à mon sens. Il est d’ailleurs assez difficile de réaliser que bien que l’auteur réussisse parfaitement à analyser son mal-être, à mettre les mots sur sa dépression, sur cette sensation de ne plus vouloir vivre, d’analyser ses souffrances, il n’a pourtant pas réussi à s’en sortir. Ce fut un certain choc pour moi d’en prendre conscience.

Bien que le sujet soit délicat et que l’auteur souffrait lui-même de cette maladie, le roman n’est en aucun cas noir. Au contraire, il y a dans ce livre de l’humour et beaucoup de lumière, et bien que l’envie de mourir soit présente bien souvent chez Craig, c’est l’envie de vivre, plus forte que tout, qui domine tout au long du livre. Craig va passer une semaine entière dans un hôpital psychiatrique et va rencontrer des personnes qui, comme lui, ont souvent des difficultés à vivre. C’est ce séjour qui va constituer chez lui un véritable déclic, qui va aussi lui redonner confiance en lui et qui va lui permettre de vivre son adolescence comme il aurait dû le faire depuis bien longtemps. J’ai été à la fois impressionnée et admirative devant le courage de ce personnage, devant sa capacité à analyser et à engager une réflexion souvent profonde sur les origines de son mal-être.

« On ne guérit pas de la vie (…) on la gère. »

Je crois que tous les adolescents se reconnaîtront d’une manière ou d’une autre dans ce livre. Car ce passage entre l’enfance et l’âge adulte est, pour tous, compliqué. Il est difficile de trouver sa place dans le monde, d’être à la hauteur des attentes, de se faire accepter et d’avoir confiance en soi. C’est tous ces sujets que le livre aborde, toujours avec simplicité et réalisme. La pression qui pèse sur les adolescents quant au choix de leur orientation, leurs résultats scolaires, leur ambition pour l’avenir, tout cela conduit bien souvent à un sentiment d’échec perpétuel et une dévalorisation. Sans même être dépressif, on a tous ressenti parfois ce que ressent Craig, et on ne peut donc que comprendre ce qu’il traverse.

J’ai refermé ce roman avec beaucoup d’émotion. Parce qu’il a su parler de la dépression d’une manière qui m’a touché, alors que c’est une maladie souvent mal comprise. C’est par cela que l’on sent aussi que l’auteur a écrit en s’inspirant de ses propres douleurs. Tout sonne très juste, très vrai. Les mots qu’il écrit nous touchent forcément.

Pour résumer …

Aborder un sujet aussi difficile que la dépression sans tomber dans un récit noir et déprimant, c’est ce qu’a réussi à faire Ned Vizzini. On lit le roman forcément différemment aujourd’hui en raison de l’histoire propre de son auteur, mais le résultat est touchant, poignant et pourtant rempli d’espoir. Comme si, malgré tout, la volonté de vivre pouvait l’emporter.

Ma note : ★★★★★★
(18/20)

16 réflexions sur “Tout plutôt qu’être moi • Ned Vizzini

  1. Le sujet a l’air très intéressant et en effet après avoir appris le triste destin de l’auteur, on ne doit pas avoir le même ressenti. En tout cas ta chronique me donne très envie de découvrir cette histoire et plus largement cette collection.

  2. Wow 😱 Je viens de lire ta chronique et je sais pas quoi dire, tu écris tellement bien, je vais foncer l’acheter ce week-end je pense, surtout parce que le sujet dont il parle, je le connais, je l’ai vécu, mais j’hesite souvent à lire ce genre de livre, par peur, mais t’as chronique me donne juste envie d’aller l’acheter et voir comment l’auteur à retrenscrit ça, j’aime beaucoup la citation qui je trouve est on ne peut plus vrai, bref merci pour cette jolie découverte j’ai hâte d’aller le chercher maintenant 🙂

  3. C’est bien It’s kind of a funny story le titre VO ? Parce que j’ai vu un film du même nom il y a quelques années (surement l’adaptation) mais je m’étais ennuyée à mourir devant ce film !

  4. Je ne connaissais pas cette collection, mais tu me donnes envie de me pencher sur leurs publications, du coup. Ce roman a l’air super intéressant, (et effectivement, il doit résonner différemment en connaissant le destin de l’auteur…).

  5. Je viens de terminer ma lecture, et je ne savais pas du tout ce qui s’était passé pour l’auteur… C’est un roman émouvant et humain que j’ai beaucoup aimé.

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