En attendant Bojangles • Olivier Bourdeaut

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En attendant Bojangles est l’une des grosses surprises de la rentrée littéraire de janvier dernier puisque ce roman a fait beaucoup parler de lui et a été encensé par ses lecteurs. Une fois l’engouement un peu retombé, je me suis penchée sur le phénomène.

Résumé …

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

Mon avis …

Le sujet du roman est celui de la folie. Celle d’une mère dont les délires rythment le quotidien de son mari et de son enfant. Leur vie n’a aucun cadre, aucune règle. Elle a sa propre vision des choses, du bonheur, de la vie en général. Elle ne comprend pas l’intérêt de travailler, d’aller à l’école, et n’imagine pas un seul instant de renoncer à ces nuits blanches où tout est permis. Elle prône le vouvoiement et préfère s’inventer un autre prénom que le sien. Avec elle, les règles sont relatives, la vie en société se modèle à son image. Elle réinvente le monde qui l’entoure. Père et fils accompagnent la femme de leur vie partout où elle souhaite aller, même lorsque ses souhaits et obsessions n’ont aucun sens. Elle guide leur vie à sa façon, sans cohérence ni réflexion. Elle suit ses envies du moment, sans se préoccuper du « qu’en dira-t-on ? ».

Le récit alterne le point de vue de l’enfant et celui de son père, par le biais d’écrits retrouvés. Ces deux angles d’approche sont extrêmement intéressants car si l’enfant perçoit la jovialité, la douce folie et l’extravagance de sa mère, le père est quant à lui bien plus objectif, évidemment. Pourtant, il ne laisse jamais transparaître ses peurs à son fils. Les deux sont très touchants. L’enfant parce que, quand bien même il perçoit au fur et à mesure qu’il grandit ses différences par rapport au monde qui l’entoure et aux autres femmes de son âge, sa mère reste son modèle. L’époux parce qu’il a conscience d’avoir choisi une femme particulière, parce qu’il a toujours soupçonné qu’un jour tout puisse basculer. Son attachement et son amour sont très touchants, ils illustrent ce que l’amour, le vrai, veut dire.

« Et moi, j’allais devoir apprendre à vivre sans eux. J’allais pouvoir répondre à une question que je me posais tout le temps. Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents ? »

Ce roman aborde la folie avec douceur, il offre une nouvelle perspective des maladies mentales et permet de mieux comprendre à quoi peut ressembler la vie lorsque l’on a toujours vécu dans une bulle. C’est tragique et comique à la fois. Le ton est surprenant pour un sujet comme celui-ci. Il m’a peut-être empêchée d’être plus touchée que je ne l’ai été mais il a le mérite d’être original et de porter beaucoup en lui sous ses airs de lecture très légère.

Pour résumer …

Un choix narratif très original, pour parler pourtant d’un sujet douloureux, celui des maladies mentales. Un beau roman qui porte en lui tout l’amour d’une famille et toute la folie d’une mère qui vit dans son monde à elle, un peu différent du nôtre.

Ma note : ★★★★☆☆
(14/20)

11 réflexions sur “En attendant Bojangles • Olivier Bourdeaut

  1. Moi aussi j’avais attendu que le soufflet de sa célébrité retombe un peu et je me suis lancée. Un magnifique coup de coeur pour ce roman exceptionnel. Je lui ai mis un note de 20 sur mon blog 🙂

  2. Je n’avais pas vraiment compris le sujet du livre avec ta chronique. Comme tu le sais, ce roman ne m’attire pas, et je passe peut-être à côté de quelque chose mais je n’ai pas prévu de le lire prochainement. Peut-être changerai-je d’avis quand il sortira en poche… c’est possible, ça m’est déjà arrivé 🙂

  3. Je l’avais lu en tant que juré pour le Prix du Roman des Etudiants France Culture et Télérama (qu’il a remporté d’ailleurs) et je l’avais beaucoup aimé.
    Je suis contente de voir que tu l’as globalement apprécié aussi !

  4. J’avais adoré ce roman, des mots léger pour parler d’une thématique lourde vue par les yeux d’un enfant. C’est vraiment un roman poignant. Et la plume de l’auteur m’a beaucoup plu.

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