Coquelicots d’Irak • Lewis Trondheim et Brigitte Findakly

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Je lis beaucoup de BD autobiographiques ces derniers temps et je trouve qu’elles sont de véritables enseignements, une aide pour s’ouvrir sur l’ailleurs, sur des pays ou des quotidiens que l’on peut difficilement imaginer. J’ai pu lire Coquelicots d’Irak partiellement lorsque les planches avaient été publiées sur le site du Monde mais je ne pouvais bien entendu pas passer à côté de sa sortie et j’ai donc emprunté la BD dès qu’elle est arrivée à la médiathèque.

Résumé …

L’histoire de B. Findakly, coloriste et épouse de L. Trondheim. Née en Irak au début des années 1960 d’un père irakien et d’une mère française, elle passe son enfance à Mossoul, puis s’exile en France au début des années 1970. Le récit décrit le quotidien, les difficultés administratives, sociales et culturelles liées à l’immigration.

Mon avis …

Quand j’avais feuilleté la BD en ligne, j’avais été très réceptive aux dessins et au ton employé. Brigitte Findakly revient sur son enfance, sur des décennies entières de sa famille, afin d’évoquer toutes ces années en Irak, toute sa jeunesse dans ce pays bouleversé par les régimes politiques et par la montée de l’oppression.

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C’est par petites anecdotes, petits moments sélectionnés que nous découvrons la vie en Irak sur plusieurs générations. La chronologie est parfois un peu mélangée, comme s’il y avait cette volonté de tout raconter, sans vraiment le pouvoir puisqu’il faudrait des pages et des pages pour décrire l’Histoire du pays qu’est l’Irak. Pourtant, la BD revient sur des épisodes historiques importants ayant marqué le pays d’une façon ou d’une autre. Sans doute pour nous aider à mieux comprendre l’instabilité politique et ses conséquences sur les habitants et leur quotidien.

Brigitte Findakly nous décrit ses parents, leur rencontre, leur vie en Irak. Le contraste entre la culture française de sa mère et sa belle-famille, qui a beaucoup de mal à comprendre cette femme française. L’auteur décrit cette enfance vécue dans l’insouciance, où Mossoul n’était pas encore le théâtre de la guerre. Et puis, par petits détails, on aperçoit les changements, les sorties moins fréquentes, la censure omniprésente.. Quand on grandit dans un pays comme l’Irak, on ne réalise pas toujours que certains interdits restreignent les libertés. C’est en arrivant en France que l’auteur va le réaliser.

L’Irak n’est pas seul sujet de l’ouvrage, c’est aussi la France qui est évoquée puisque l’intégration n’est pas facile, comme l’auteur a pu le constater. Son père, irakien, et sa mère française ne vont pas être facilement acceptés par l’administration française, et Brigitte elle-même va subir racisme et difficultés à accéder à l’enseignement comme elle le souhaiterait pourtant. La barrière de la langue, des démarches administratives, des préjugés. Le condensé est frappant à la lecture. Elle raconte aussi ce père qui a le sentiment de n’être nulle part chez lui, qui se sent rejeté de tous côtés, qui n’arrive plus à trouver sa place, qui tombe dans la dépression. Elle raconte ces parents qui comprennent mal ses choix de vie, la possibilité pour une femme de vivre seule dans un appartement ou encore de gagner sa vie en faisant des dessins.

Il y a un goût de paradis perdu dans cette façon de raconter l’Irak. Cette volonté de noter les « bons souvenirs », ceux qui ont un goût d’enfance. Ceux qui lui rappellent son bonheur. Il y a un mélange entre doux bonheur et souffrance qui donne un contraste tout particulier à ce récit.

Pour résumer …

J’ai adoré cette BD autobiographique qui montre l’Irak telle qu’elle l’est, vue par une femme qui y a grandi. Il y a un goût de paradis perdu, de beaux souvenirs, mais aussi un regard sincère sur l’oppression et les violences qui y existent. Une BD enrichissante et très belle.

Ma note : ★★★★★★
(19/20)

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8 réflexions sur “Coquelicots d’Irak • Lewis Trondheim et Brigitte Findakly

  1. Je ne connaissais absolument pas cette bande dessinée avant de tomber sur ton billet via Hellocoton. Le moins que je puisse dire, c’est que tu m’as vraiment donné envie de la découvrir et j’espère moi aussi la trouver à la médiathèque ! Merci pour cette découverte 🙂

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