Les Mille Talents d’Eurídice Gusmão • Martha Batalha

Voilà un roman qui attire l’oeil, et c’est bien grâce à sa magnifique couverture ! J’ai été amenée à le lire puisqu’il est nominé pour le Grand Prix de l’Héroïne, dans la catégorie Roman Etranger et que je fais partie du jury cette année. Merci à Denoël et à Madame Figaro pour cette lecture. Ce livre est sorti le 12 janvier dernier et a été traduit par Diniz Galhos.

Résumé …

L’histoire d’Eurídice Gusmão, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne. Celle de toutes les femmes à qui on explique qu’elles ne doivent pas trop penser. Et qui choisissent de faire autrement…

«Responsable de l’augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Eurídice décida de se désinvestir de l’aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu’elle accumula. C’est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent – Ne me touche plus jamais. Eurídice faisait durer le café du matin jusqu’au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu’au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu’au souper de neuf heures. Eurídice gagna trois mentons. Constatant qu’elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s’approcherait plus d’elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain.»

Mon avis …

Il s’agit presque d’un conte qui, au fil des mots, nous décrit une multitude de personnages. L’écriture de Martha Batalha leur donna à chacun un aspect extraordinaire, comme si elle sublimait leur normalité, leurs défauts, leurs vices. Il y a dans ce livre beaucoup d’aspects révélateurs de la condition de la femme, quelle que soit l’époque, à savoir les rêves avortés, les mariages convenables et la place familiale désignée. Ce roman nous décrit ces femmes à qui l’on a imposé de ne pas trop rêver et de ne surtout pas s’éloigner de ce que l’on souhaitait pour elles et leurs vies : être une bonne épouse et une bonne mère.

Ce livre célèbre les femmes en révélant leurs rêves enfouis et leurs désillusions. Que ce soit des passions que leur entourage dénigrait, ou des envies libératrices freinées.. Il y a des frustrations face à toutes ces choses que ces femmes n’ont pas la possibilité de concrétiser, et ce malgré leur talent, leur passion ou leur volonté. On serait cependant presque frustrés que la fameuse Euridice ait un peu été évincée. L’auteur raconte beaucoup de femmes fascinantes mais trop peu longtemps, ce qui est assez regrettable.

A mon sens, il y a trop de personnages de même importance dans ce livre, ce qui empêche de s’attacher réellement à l’un d’entre eux. Mon avis final n’est donc pas aussi positif qu’il aurait pu l’être. Cela est dommage car chaque personnage avait un vrai potentiel et j’ai senti que j’aurais pu énormément apprécier cette lecture si j’avais pu me sentir impliquée davantage dans l’une ou l’autre des dizaines d’histoires racontées par l’auteur.

L’humour qui ressort du roman en fait cependant un livre original et un peu fou qui a le mérite d’être différent et de mettre en avant les femmes, à sa manière.

Pour résumer …

Un roman écrit comme un conte qui raconte les femmes et leurs vies souvent imposées. Un peu fou et certainement original, ce livre manque cependant d’approfondissement concernant l’un ou l’autre des personnages qu’il évoque.

Ma note : ★★★☆☆☆
(11/20)