Marx et la poupée • Maryam Madjidi

Il m’arrive très souvent de recevoir des livres inattendus dans ma boite aux lettres. Certains ne correspondent pas du tout à mes goûts de lecture, mais d’autres sont de très belles surprises. Quand j’ai lu le résumé de ce livre, j’ai eu très envie de le lire, et je remercie les éditions du Nouvel Attila pour cet envoi. Ce livre a, depuis, remporté le Prix Goncourt du Premier Roman.

Résumé …

Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris. À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan au profit du français qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.

Mon avis …

On sent souvent très vite le potentiel d’un premier roman, quand une auteur a son propre style et qu’il est percutant. Que son écriture a quelque chose de spécial. Clairement, Maryam Madjidi est de ces auteurs-là qui risquent de continuer à nous surprendre dans le futur, et il n’est pas étonnant que son premier roman ait été distingué de façon si prestigieuse.

Dans ce texte, elle raconte sa vie d’exilée iranienne et son arrivée en France, à l’âge de 5 ans. Ce livre est très riche puisqu’il dépeint l’Iran et ses tensions, l’implication de ses parents dans la rébellion contre le régime avec les tracts distribués et les réunions clandestines. Très vite, le départ sera imminent. D’abord son père qui quitte l’Iran pour Paris. Puis Maryam et sa mère qui vont le rejoindre. Une fois en France, c’est la désillusion : insalubrité, pauvreté, et intégration difficile. Maryam ne comprend pas pourquoi elle doit soudainement changer ses habitudes, supporter des repas qui lui semblent fades et peu plaisants, apprendre une langue qu’elle ne comprend pas..

De ses yeux d’enfants, elle raconte son enfance et cette déchirure qu’elle n’a jamais vraiment su refermer. Cette « double culture » qu’elle peine à considérer comme une chance. Parce que pour elle, cela signifie qu’elle ne trouve sa place nulle part. Qu’il lui manquera toujours quelque chose. Cette recherche d’identité et d’appartenance va la conduire à retourner en Iran pour essayer de recréer ce lien brisé.

Ce roman est écrit comme un conte et relève, parfois, de l’imaginaire. Elle fait parler sa langue maternelle, imagine la présence de sa grand-mère à ses côtés régulièrement, raconte ce qu’elle a vécu en tant que foetus.. Le récit est particulier et c’est cela qui le rend fort.

Pour résumer …

Maryam Madjidi est de ces noms à retenir. Son récit est percutant et nous fait voyager de l’Iran jusqu’en France pour nous faire vivre l’exil et les traces qu’il peut laisser dans une vie quand il est difficile de se sentir à sa place quelque part alors même que l’on se sent partagé et déchiré entre deux pays et deux cultures.

Ma note : ★★★★★☆
(16/20)

4 réflexions sur “Marx et la poupée • Maryam Madjidi

  1. cela a l’air d’être un roman fort ! j’ai lu Désorientale il y a quelques mois, et cela aborde les mêmes sujets et j’avais été surprise de découvrir ce pays que je connais si peu … je note le titre 🙂

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