Le malheur du bas • Inès Bayard

Je dois bien l’avouer, cette rentrée littéraire en littérature française ne m’intéressait pas vraiment. Parmi tous les résumés de livres prévus, peu ont retenu mon attention. Et puis, au milieu de la masse, il y avait ce texte. Un premier roman, voilà qui est toujours intéressant. Plein de promesses. Et puis son sujet, fort, violent, qui m’attirait parce que je sais que j’y suis sensible. Merci à Albin Michel de me l’avoir envoyé. Il est en librairie depuis le 22 août.

Résumé …

« Au coeur de la nuit, face au mur qu’elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »

Mon avis …

Dès la première ligne de ce roman, le sang se glace. On sent que l’on va plonger dans l’horreur, et le plus effrayant est sans doute que cela est raconté avec distance, avec froideur. Sans émotion. La puissance de l’écriture et ce choc de lecture m’a rappelé Je me suis tue, La maladroite, ou encore Chanson douce. Si vous en avez lu un ou plusieurs, vous cernerez tout à fait l’ambiance et le coup de poing que peut représenter Le malheur du bas. C’est un roman qu’on ne peut quasiment pas lâcher une fois commencé, qui nous retourne l’estomac et nous tétanise d’effroi.

Alors qu’elle mène une vie plutôt calme, heureuse et épanouie, Marie va vivre un évènement traumatisant. Qui va changer le cours de son existence. Elle qui prévoyait de concevoir un enfant avec son mari, va être violée par un homme. Un acte ignoble, d’une violence inouïe et qui la laisse avec un traumatisme profond. C’est tout son corps qui est déchiré, son âme qui est violée. Le titre est évocateur à lui seul, et le roman montre bien l’impact d’un viol sur le corps de la femme. Sur sa sexualité, sur son impossibilité à s’exprimer, à se positionner en tant que victime. Cette honte qui la poursuit, cette incapacité à reprendre sa vie comme avant, et pourtant cette obligation de « faire semblant ».

Le premier roman d’Inès Bayard ne peut laisser indifférent, c’est une certitude. Ce roman nous questionne, nous bouscule, et il est pour cela, je le crois, très important. Je ne vous cacherai pas qu’il est aussi difficile, très sombre, et sa lecture en est presque douloureuse physiquement tant on se met à la place de Marie. Concernant l’histoire en elle-même, elle m’a beaucoup rappelé un autre roman, ayant à peu près le même déroulement. J’ai été un peu déçue de ne pas être davantage surprise, et que le roman n’ait pas été plus original. C’est en tout cas un roman très perturbant, extrêmement sombre, qui peut choquer sans aucun doute le lecteur. L’auteur va très loin dans sa description de l’horreur et j’ai bien souvent eu envie de reposer le livre tant j’avais de mal à respirer en le lisant. Vous serez donc prévenu, ce livre est très difficile à lire, mais le sujet reste très important, donc je vous recommanderais de lui laisser sa chance.

Pour résumer …

Un texte extrêmement sombre, violent et noir, qui plonge le lecteur dans l’horreur vécue par son héroïne. Un roman important sur les conséquences d’un traumatisme, même si la lecture en est rendue difficile et que j’ai regretté un certain manque d’originalité du roman par rapport à d’autres livres que j’avais pu lire précédemment sur le sujet.

Ma note : ★★★★☆☆
(14/20)

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8 réflexions sur “Le malheur du bas • Inès Bayard

  1. Je guette les avis sur ce roman depuis sa sortie mais ils se font rares ! Mille mercis à toi pour ta chronique qui nous éclaire forcément comme à l’accoutumée. Ce récit a l’air difficile effectivement donc à méditer pour moi avant de le lire… Bisous d’Alsace ^-^

  2. J’ai déjà dans ma pile à lire chanson douce, je vais commencer par celui ci mais merci pour cet avis sur ce livre dont je n’avais pas encore entendu parler. Je le retiens par le lire entre deux livres plus « légers ».

  3. un livre qui m’a un peu déçu notamment par rapport à son manque d’originalité effectivement. Dans la même catégorie je conseillerai plutôt la lecture de Je me suis tue de Mathieu Menegaux qui est beaucoup plus poignant et plus imprévisible.

  4. J’ai rencontré Mathieu Menegaux il y a 2 semaines et lors d’un apéro littéraire, il nous a dit qu’il n’était pas content du tout car ce livre n’est qu’une copie du sien. Il a du mal à croire que l’auteure ait eu la même idée tant la ressemblance est frappante. Il était donc dégoûté qu’elle soit sélectionnée pour le prix Goncourt (dont elle ne fait plus partie maintenant).
    Je ne lirai donc pas « le malheur du bas ».

    1. Oui le livre ressemble énormément à Je me suis tue, et cela m’a gênée également. Il faudrait en parler avec Inès Bayard pour échanger avec elle à ce sujet. Les deux livres ont leur intérêt sinon, car on ne parle pas assez de ce sujet.

  5. C’est vrai que pour avoir lu « Je me suis tue » et « Le malheur du bas » le même mois je me suis aussi interrogée sur toutes ces étranges similitudes. Mais pour moi « Le malheur du bas » est nettement supérieur, je l’ai dévoré en une journée. Ca a été une vraie claque, il m’a remué là où « Je me suis tue » m’a laissé assez indifférente.

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