Le Joueur d’échecs • Stefan Zweig

Cela fait très longtemps que j’entends parler de Stefan Zweig, un auteur qui n’est plus à présenter. J’avais cette nouvelle dans ma bibliothèque, et mon voyage à Edimbourg a été l’occasion de le lire et de découvrir enfin l’auteur.

Résumé …

Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer. Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges. Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, « pourrait servir d’illustration à la charmante époque où nous vivons ».

Mon avis …

Cette nouvelle a pour contexte la seconde guerre mondiale et la puissance du nazisme, que l’auteur a directement vécu puisqu’il a vu son pays basculer entre les mains d’Hitler, et que cette tragédie l’a amené, plus tard, à se suicider, fatigué de voir son Europe disparaitre dans les méandres de l’horreur. Cela m’intéressait donc beaucoup puisque, vous le savez sans doute, je lis énormément sur cette période de l’Histoire, et qu’elle me passionne particulièrement.

Cette courte nouvelle est très intéressante de par son originalité tout d’abord, avec l’angle choisi pour dénoncer les traumatismes des victimes du nazisme, mais aussi l’évocation des formes très différentes des expérimentations effectuées par les nazis. Il est vrai que l’on a souvent tendance à se focaliser sur une ou quelques pratiques, alors qu’en réalité, l’étendue des horreurs qui ont été inventées est sans limite.

C’est dans l’hôtel Métropole à Vienne que l’un des personnages inventés par Zweig va être enfermé seul dans une chambre, sans autre objet que quelques meubles succincts. Il est terrible de constater à quel point Hitler et ses hommes réussissaient, par différents moyens, à déshumaniser chaque être humain, à les réduire en esclavage, privés de liberté, et perdant ainsi dans leur folie leurs facultés intellectuelles et leur lucidité. Ici, le personnage se décrit comme esclave du néant, proche de la folie, sans pouvoir laisser son cerveau libre de ses réflexions, et stimulé par de nouvelles informations.

Ce livre est également un hommage aux échecs, à leur complexité et à l’art qu’ils représentent. Parce que les considérer comme un jeu serait presque une atteinte à leur génie, aux multiples pistes qu’ils permettent. A travers cette pratique, c’est aussi la puissance du cerveau humain et l’imagination sans limite de l’être humain que l’auteur met en avant, comme une confrontation à l’idéologie et aux pratiques nazies qui souhaitaient réduire à néant les possibilités de l’espèce humaine.

Je suis ravie d’avoir pu découvrir Zweig. Cette nouvelle ne m’a pas transportée ou bouleversée, mais elle m’a intéressée et j’ai apprécié son originalité. Elle a le mérite d’apporter un éclairage différent avec un angle d’approche inédit sur cette période innommable de notre Histoire, que l’auteur a malheureusement connue.

Pour résumer …

Une courte nouvelle pour évoquer le nazisme et les expérimentations de formes multiples qui étaient pratiquées à l’époque. L’auteur l’oppose à l’intelligence humaine et au génie des échecs, avec un angle d’approche très original.

Ma note : ★★★★☆☆
(13/20)

3 réflexions sur “Le Joueur d’échecs • Stefan Zweig

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