Les enfants de coeur • Heather O’Neill

« Les enfants de coeur » est l’un des romans que j’avais repérés lors de la rentrée littéraire de septembre 2018. Je me l’étais offert, attirée par son côté un peu étrange qui s’en dégageait avant même la lecture, et j’ai attendu le début 2019 pour m’y plonger, sentant que le bon moment était arrivé.

Résumé …

Montréal, hiver 1914. Recueillis et élevés par les revêches bonnes sœurs d’un hôpital-orphelinat, Rose et Pierrot sont deux enfants pas comme les autres. Lui se révèle un pianiste prodige ; elle sait comme personne illuminer le visage des enfants tristes par ses pantomimes. Ils tombent bientôt amoureux, et se mettent à rêver ensemble d’un avenir lumineux, sous le chapiteau du cirque le plus spectaculaire que le monde ait jamais connu. Mais l’adolescence les sépare et, tandis que s’avancent les ombres de la Grande Dépression, voici nos fantasques tourtereaux repoussés aux marges sordides de la ville, dans la misère, la débauche et le crime. Armés toutefois d’une candeur et d’une insolence à toute épreuve devant la veulerie des hommes et la violence d’un monde qui semble avoir tout oublié des pouvoirs enchanteurs de l’imagination, Rose et Pierrot n’auront de cesse de braver les obstacles, et ne désespéreront jamais de se retrouver.

Mon avis …

Certains romans sont tellement étranges qu’ils nous entrainent et nous fascinent comme aucun autre. En ouvrant « Les enfants de coeur », j’ai été emportée par une atmosphère des plus particulières, très difficile à qualifier tant seul le fait de la vivre permet d’en saisir les contours. Un peu à la manière du « Cirque des rêves » cinq ans avant lui, le roman de Heather O’Neill fut une révélation autant qu’une étonnante surprise. J’avais bien entendu saisi tout son potentiel, son originalité folle, puisque je l’avais acheté un peu à l’aveugle en septembre dernier. Mais il arrive aussi d’être déçu par un texte, on ne peut jamais savoir avant de l’avoir commencé. Celui-ci ne m’a pas déçu, oh non. Il m’a envoutée.

Une chose serait terrible : vous décrire et vous raconter cette histoire. Elle est comme un conte, elle mérite d’être lue, d’être écoutée, à travers les mots de son auteur. Vouloir en faire un écho trop précis serait gâcher cette magie qui lui est propre. Alors je vais simplement vous dire pourquoi j’ai tant aimé ce livre, pourquoi il m’a éblouie du début à la fin, pourquoi je le garderai avec moi à l’infini, en y repensant sans cesse.

“Tous les enfants sont en réalité orphelins. Au fin fond de soi, l’enfant n’a rien à voir avec ses parents, son milieu, son nom de famille, son genre, le métier de sa famille. C’est une personne toute neuve, née avec le seul héritage que reçoivent tous les individus en ouvrant les yeux en ce monde : le droit inaliénable d’être libre.”

C’est une histoire à la fois entièrement réaliste et complètement irréelle. C’est un mélange entre la dure réalité de la vie et la magie de l’imagination et du rêve. C’est une atmosphère de spectacle qui se confronte à l’extrême violence de l’âme humaine et de l’existence. Rose et Pierrot ne sont pas des enfants comme les autres. Ils sont nés sans que leurs parents puissent les voir grandir, et ont été élevés dans un orphelinat. Très vite, ils vont se distinguer des autres enfants par leur fantaisie, leur sens de l’amusement, leur talent fou, inouï pour leurs arts respectifs. Ils ont une naïveté en eux qui ne les quittera jamais, alors même que leur vie sera faite, de leur naissance jusqu’à leur âge adulte, de terribles difficultés. C’est ce qui fait que l’histoire est si belle, c’est cette étincelle de joie et d’émerveillement qui résistera à tout.

En suivant les personnages, nous découvrons également ce qu’a été la Grande Dépression pour la population, et j’ai été captivée par ce contexte passionnant. Après « Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés » , un énorme coup de coeur également, c’est le deuxième roman que je lis à traiter de cette période historique, et il a donné à cette histoire une résonance encore plus forte. Pénétrer dans ce roman, c’est accepter de suivre l’auteur dans des rêves incroyables, mais aussi dans les pensées les plus noires et honnêtes de l’espèce humaine. Il m’a accompagnée des jours durant et le quitter a été pour moi un déchirement car il représentait une petite magie quotidienne que j’aimais avoir, qui me permettait de m’évader et d’être transportée.

Pour résumer …

Poésie et onirisme : voilà comment caractériser ce roman si particulier. Parfois doux, souvent terrible, il nous bouscule, nous transporte et nous envoûte. J’ai tant aimé ce livre qu’il m’a été très difficile de le refermer. Une évasion page après page, au coeur de la Grande Dépression. C’était tout simplement parfait, du premier au tout dernier mot.

Ma note : ★★★★★★
(20/20)

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8 réflexions sur “Les enfants de coeur • Heather O’Neill

  1. J’ai ce livre dans ma PAL depuis un petit moment mais je n’ai pas encore sauté le pas.
    Cependant à la vue de ton excellente critique je vais peut-être le sortir plus vite que prévu 🤔 😉
    Un 20 si ça c’est pas un coup de coeur je sais pas ce que c’est 😁
    Je suis sur le 1er tome de « la faucheuse ». Est ce bien judicieux d’enchaîner avec « les enfants de coeur » ???

  2. « J’avais bien entendu saisi tout son potentiel, son originalité folle, puisque je l’avais acheté un peu à l’aveugle en septembre dernier. Mais il arrive aussi d’être déçu par un texte, on ne peut jamais savoir avant de l’avoir commencé.  » Tu résumes bien mon propre intérêt envers ce livre ! J’ai lu son résumé, j’ai vu la couverture, ça m’attire inexplicablement, mais j’ai quand même peur d’être déçue. De ne pas réussir à être emportée par un livre empreint de poésie et de rêves, comme j’ai du mal à l’être vraiment par une lecture en ce moment. Mais vu ton avis aussi enthousiaste, et le coup de coeur que cela a été, je vais finir par me laisser tenter…

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