La fabrique de poupées • Elizabeth MacNeal

Quand j’ai été contactée par les éditions Presses de la Cité pour découvrir ce roman historique traduit de l’anglais et pour vous en parler si ce dernier me plaisait, j’ai été intriguée. Comme toujours, j’ai regardé les avis sur Goodreads et ils étaient plutôt très bons, j’ai donc accepté de sortir de ma zone de confort et de découvrir ce texte qui ne ressemble pas vraiment à mes lectures habituelles. Ce roman est en librairie aujourd’hui, le 03 octobre 2019.

Résumé …

La liberté est une chose précieuse… Londres, 1850. L’Exposition universelle va bientôt ouvrir ses portes dans le tout nouveau Crystal Palace, et les badauds se pressent déjà dans Hyde Park pour venir admirer cette merveille. Parmi eux, Iris, une modeste employée dans un magasin de poupées, à la beauté mâtinée de difformité, qui rêve de devenir artiste peintre. Et puis il y a Silas, un taxidermiste amateur de macabre et de curiosités, qui voudrait exposer ses œuvres dans ce gigantesque musée. Ces deux-là se croisent, et leurs destins en seront à jamais bouleversés. Iris accepte en effet bientôt de poser pour Louis Frost, un jeune peintre de l’école préraphaélite, exigeant en retour qu’il lui enseigne sa technique. Peu à peu, le champ des possibles s’élargit pour le modèle avide de liberté, qui découvre l’art et l’amour. Mais c’est compter sans Silas, qui rôde non loin de là, tapi dans l’ombre, et n’aura de cesse qu’il n’ait fait sienne celle qui occupe désormais ses pensées, jusqu’à l’obsession…

Mon avis …

Au coeur de ce roman, il y a deux soeurs, employées par une fabrique de poupées. L’une a été victime de la variole et son corps en a gardé de nombreuses traces. L’autre possède aussi une petite différence de naissance : sa clavicule est enfoncée, ce qui l’a longtemps beaucoup complexée. Parce que Rose doit renoncer à une vie de femme normale, car physiquement défigurée, elle veut en priver Iris. Mais Iris est passionnée de peinture, elle rêve d’être artiste, de sortir de cette vie dans laquelle elle a l’impression d’étouffer, et de s’éloigner de sa soeur jalouse qui voit en elle tout ce qu’elle ne sera jamais plus. Le personnage d’Iris est le plus inspirant dans ce roman car elle souhaite une vie qui n’est normalement pas accessible aux femmes de son époque. Elle souhaite être reconnue pour son travail et être libre et indépendante. Par elle, le roman donne une grande place à la peinture et aux techniques du dessin.

Ce livre change radicalement de mes lectures habituelles et ce fut pour moi un véritable dépaysement. A ma grande surprise, j’ai dévoré ce roman quasiment d’une traite tant j’étais prise dans cette histoire. Ce qui change, avant tout, c’est la période historique que je connais très peu, étant donné que ce roman se déroule au coeur de l’époque victorienne à Londres. On assiste à l’Exposition Universelle, aux évolutions scientifiques, au fourmillement artistique de la capitale à cette époque et à cette atmosphère qui lui est toute particulière. J’ai adoré découvrir cette période dont je ne connaissais quasiment rien et que l’auteur réussit très bien à retranscrire dans son roman.

Il y a également l’ambiance du roman et son intrigue qui se rapproche grandement du thriller. Il faut le savoir, ce roman est par moments difficile à lire car l’auteur a été très loin dans l’exploration psychologique de ses personnages, qu’ils soient bons ou extrêmement mauvais. J’ai rarement découvert un personnage aussi détestable que Silas qui est, on peut le dire, malade à un niveau psychiatrique. Ce personnage est très particulier puisqu’il se passionne par la mort et les cadavres d’animaux qu’il considère comme ses trésors et dont il prend le plus grand soin. Nous sommes à certains chapitres dans sa tête et ses pensées, et cela est vraiment dérangeant. Dans sa folie, il s’invente des vies, imaginant des choses qui n’existent pas.

On sent une tension monter pour ne jamais redescendre. On sent que le pire est à venir, et il est évidemment impossible de poser ce roman avant d’en avoir tourné la dernière page. Pas une seule seconde je me suis ennuyée, et c’est là une grande qualité dans un roman et tout ce que je recherche en littérature : être captivée et passer par des milliers d’émotions. La description des personnages montre le grand talent de l’auteur. Inventer un personnage tel que Silas, aussi dérangeant, ne doit pas être facile.

C’est un véritable roman d’atmosphère, malsain et glauque par moments mais dont l’ambiance est également envoutante, telle que je les aime. C’est un thriller psychologique plein de suspense qui nous emporte dans une autre époque avec également un souffle de féminisme. Certains passages sont insoutenables, d’autres merveilleux, c’est un livre plein d’ambiguïté qui laisse à coup sûr ses traces dans l’esprit de son lecteur. Je suis très heureuse  de l’avoir découvert, ce qui m’a permis d’apprécier réellement ce roman et de me surprendre à ne pas pouvoir le quitter des yeux. Je ne peux que vous recommander de le découvrir à votre tour car il est très différent de tout ce que l’on peut lire.

Pour résumer …

Captivant, addictif, dérangeant .. Ce roman d’atmosphère m’a transportée dans le Londres de l’époque victorienne, au coeur de l’univers de la peinture autour d’une héroïne profondément libre et inspirante. Impossible à lâcher, je suis heureuse d’être sortie de ma zone de confort avec ce thriller psychologique si particulier.

Ma note : ★★★★★☆
(17/20)

Cette chronique est sponsorisée. Cela n’enlève en rien la sincérité de mon avis.

2 réflexions sur “La fabrique de poupées • Elizabeth MacNeal

  1. Je viens de sortir d’une grosse librairie de Montréal. J’ai noté ce titre. Le livre était dans un îlot de nouveautés semble-t-il. Juste le titre et la couverture m’ont accroché, mais un peu comme toi, je devais mieux m’informer. Je suis contente de lire ton billet. Tu me donnes vraiment envie de le lire. Je ne sais pas pourquoi, mais souvent, dans les romans pour adultes, les poupées donnent une connotation un peu macabre en partant.
    Tu as lu ‘Miniaturiste’? http://lamaisondemilly.canalblog.com/archives/2018/01/02/35963901.html
    La BBC je crois, a fait la série. Le seul hic, c’est que le véritable sens de l’histoire est très long à mettre en place. Autour de 200 pages mais après, tu dévores et la fin est coup de poing.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.