Et il foula la terre avec légèreté • Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau

Cette BD a remporté le Prix Tournesol de la BD la plus écolo au festival de la BD d’Angoulême en 2018. Je l’ai trouvée à la médiathèque, sans en avoir entendu parler au préalable, et ce sont bien souvent ce genre de trouvailles qui font que j’aime aussi tant les médiathèques !

Résumé …

Ethan, jeune ingénieur forage pour une compagnie pétrolière multinationale, reçoit une proposition de poste dans les îles Lofoten, au nord de la Norvège. Un gisement de pétrole y aurait été découvert, et une nouvelle plateforme pourrait y être érigée. Il quitte donc Paris pour le cercle polaire, pour un premier voyage d’acclimatation, afin notamment de rencontrer des géophysiciens déjà sur place. Au contact de la population locale, Ethan va se trouver confronté aux risques que représente un tel projet…

Mon avis …

C’est l’histoire d’un homme, employé par une compagnie pétrolière, qui va être envoyé dans le Nordland pour étudier les potentielles installations pétrolières. C’est donc parmi les habitants et au coeur même des villages et des pécheurs qu’il va progressivement s’imprégner de ce qu’est la vie là-bas, ayant pour objectif de réaliser un compte rendu. Éloigné de son chez-lui, Ethan va pourtant se surprendre à se sentir bien dans ces terres reculées, où la nature a été préservée, où elle prend une place si importante. Il va rencontrer des locaux qui vont lui expliquer leur vie, leur quotidien, et l’impact du tourisme et du pétrole sur ces paysages et ces modes de vie qu’ils ont toujours connus.

Il y a dans cette BD une véritable réflexion sur l’avenir de la planète, sur la sauvegarde des éléments naturels, sur la protection de la nature. Par le biais du voyage d’Ethan et à travers son regard, nous observons nous aussi la beauté de ces lieux et leur charme incontestable. Ce qui en fait la particularité, c’est aussi qu’ils ont été par bien des aspects isolés du reste du monde, de l’évolution moderne et des modes de vie citadins. C’est comme une parenthèse hors du temps, et il semble très important que notre Terre conserve encore cette variété de lieux et de modes de vie. On a tendance à vouloir que tout soit uniformisé, courir après les profits, sans penser à tout ce que l’on détruit.

Ethan va subir comme un choc en constatant que son travail va avoir bien plus de répercussions que ce qu’il avait imaginé. Que ce soit sur le climat ou sur les activités locales, par exemple. Son séjour met également en lumière comme il est bien souvent absurde de prendre des décisions depuis un bureau, sans avoir pris le temps ou la peine de venir s’imprégner des lieux, d’échanger avec les personnes qui seront forcément elles aussi concernées, et réfléchir par différents angles au projet, et à ce qu’il provoquera. C’est là aussi une dénonciation de notre société et du fonctionnement de certaines grandes entreprises. Il y a toujours des nuances, tout n’est pas noir ou blanc, mais chaque projet mérite d’être étudié de façon plus profonde que par de simples statistiques chiffrées.

Ethan va également réalise que le pétrole divise les habitants, certains sont pour, d’autres sont contre, et il va mieux appréhender ses avantages mais aussi ses conséquences néfastes. C’est à l’être humain de réfléchir à la manière dont il souhaite se positionner vis à vis de la nature, et ce sont tous ces questionnements que la BD met en lumière. La nature est au cœur de l’ouvrage, sublimée par les dessins qui prennent bien plus de place que les textes, qui sont d’ailleurs très rares. Les planches sont magnifiques, nous ne pouvons qu’admirer, page après page, toute la beauté de ces paysages naturels. J’ai trouvé qu’ils constituaient un vrai plus à cette BD en portant son message de la plus forte manière qui soit : en laissant parler la nature.

Si les dessins apportent beaucoup au propos concernant la nature elle-même, j’ai trouvé qu’ils étaient moins propices à l’émotion des personnages, qui me sont apparus comme froids, à mon grand regret. C’est ce qui m’a manqué dans cette lecture, un peu plus de relief chez les personnages. J’ai beaucoup apprécié découvrir les théories de Arne Naess, un écologiste finlandais ayant publié de nombreux ouvrages sur le sujet, ainsi que le court dossier thématique à la fin de la BD sur la Norvège actuelle et les éléments naturels qui la caractérisent.

Pour résumer …

Une réflexion profonde sur notre société de consommation qui sacrifie la nature et sa beauté pour des besoins à court terme. Une sorte de carnet de voyage qui nous transporte et qui provoque des remises en question nos pratiques et modes de vie.

Ma note : ★★★★★☆
(15/20)

2 réflexions sur “Et il foula la terre avec légèreté • Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau

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