Une évidence • Agnès Martin-Lugand

Avec tous les livres que je dois lire, il m’est difficile de tenir le rythme sur les parutions. Agnès Martin-Lugand est pourtant une autrice que je suis attentivement depuis la toute première année, mais voilà bientôt un an que ce livre patientait dans ma bibliothèque. Il s’agit de son dernier titre publié que j’ai acheté en livre audio afin de pouvoir, enfin, prendre le temps de le découvrir.

Résumé …

Reine mène une vie heureuse qu’elle partage entre son fils de dix-sept ans et un métier passionnant. Une vie parfaite si elle n’était construite sur un mensonge qui, révélé, pourrait bien faire voler son bonheur en éclats… Faut-il se délivrer du passé pour écrire l’avenir ?

Mon avis …

Livre après livre, cela se vérifie. Il y a quelque chose avec les romans d’Agnès Martin-Lugand qui les rend impossibles à poser, qui fait que l’on s’attache aux héroïnes comme si on les connaissait depuis toujours. Elle prend le temps de les dessiner, de les raconter, au plus près de leurs émotions, de leurs failles, de leur caractère. Elle nous invite à nous mettre à leur place, à nous installer à leurs côtés et à tenter de les comprendre. J’ai, bien sûr, immédiatement eu de l’affection pour Reine. Comment peut-il en être autrement ? Cette femme qui s’est construite une carapace en élevant seule son fils, en lui cachant la vérité, en essayant de se protéger elle-même en créant des barricades autour d’elle va être rattrapée par son passé.

On pourrait se dire que l’histoire est un peu clichée, voire invraisemblable. Que ce qu’il se passe ne pourrait arriver que dans un roman. C’est peut-être vrai, et alors ? Je crois que cela ne m’a pas gênée. J’ai accepté ces coïncidences un peu grossières, ce hasard qui bouscule les certitudes des personnages, pour me concentrer sur le plus important : le dilemme avec lequel Reine va devoir se battre. Les questions qui sont soulevées par ce roman sont très intéressantes et je ne doute pas qu’elles sauront parler à beaucoup de femmes qui élèvent seules leurs enfants. Cet instinct de louve pour les protéger, cette peur de les perdre et cette obligation de tenir seule le rôle de deux parents. D’être doublement présente, doublement forte, doublement aimante. Ces doutes aussi qui assaillent forcément, cette peur de faire de mauvais choix, de faire souffrir cet enfant qui n’a rien demandé. Qui est privé, malgré lui, d’une partie de lui-même.

J’ai été très touchée par le lien décrit par l’autrice entre Reine et son fils. On le sent particulier, parce qu’ils sont deux contre le reste du monde, en quelque sorte. Je trouve également qu’Agnès Martin-Lugand parle très bien d’amour, quel qu’il soit. Il y a beaucoup de tendresse, de respect dans ses mots, de poésie aussi. Tout est réel, on se l’imagine si bien. Si un aspect du livre m’a moins touchée, c’est vis-à-vis du personnage de Paul. Je n’ai pas vraiment réussi à comprendre le lien qu’il entretient avec Reine ni même à réellement trouver sa place dans l’histoire. L’intrigue du livre est vraiment bien menée, il n’y a ni longueur ni cette sensation que le livre est trop court. Une fois refermé, on a l’impression au contraire que l’auteur a pris le temps de la raconter. Qu’elle lui a donné la place qu’il fallait. C’est un roman abouti, une lecture très touchante et sensible, où chacun a des faiblesses mais où c’est cette humanité qui bouleverse.

Il m’a semblé que ce livre avait une dimension encore plus grande que les précédents, qu’il touchait à des thématiques encore plus universelles. Car c’est avant tout un roman sur la famille. Sur celle que l’on a génétiquement, sur les liens du sang, et sur celle que l’on choisit. Sur ces relations parfois difficiles à entretenir, sur les maladresses et les silences qui peuvent durer des années, des vies entières. J’ai été profondément touchée par cette manière avec laquelle Agnès Martin-Lugand a écrit sur la famille, avec laquelle elle a décrit cette tribu, ce clan, dont les blessures sont encore vives mais avec lesquelles ils décident d’avancer, de se reconstruire, et de grandir, ensemble.

Pour résumer …

Une nouvelle héroïne d’Agnès Martin-Lugand que j’ai pris le temps de découvrir et dont l’histoire m’a touchée, grâce à la sensibilité de l’autrice et à la douceur de ses mots. C’est un roman sur les liens familiaux, qu’ils soient génétiques ou non, et c’est tout simplement très beau.

Ma note : ★★★★★☆
(17/20)

3 réflexions sur “Une évidence • Agnès Martin-Lugand

  1. J’ai découvert Agnes Martin Lugand l’année dernière avec Les gens heureux lisent et boivent du café. J’ai adoré, je suis passée tellement près du coup de coeur. C’est beau et comme tu dis l’auteure écrit l’amour avec justesse. Je me note celui ci dans un coin de ma tête, merci pour cette jolie chronique!

  2. De cette autrice je n’ai lu que « Les gens heureux lisent et boivent du café »… et pourtant j’avais adoré ! Tu me donnes envie de me replonger dans ces oeuvres 🙂

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